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L’instabilité, une menace réelle

Nicolas Tamari*
Posté le 20/04/2015
Opinions

La branche du négoce international, que j’ai le plaisir de représenter au sein du Conseil de la CCIG, est instable par nature car les entreprises qui exercent dans ce secteur sont soumises à des fluctuations de cours, qui défient parfois la logique. Ainsi, en 2014, la baisse des cours des matières premières a été en moyenne de 25%. Mais cette moyenne recouvre une réalité qui va de -50% pour le pétrole à -10% pour les métaux, en passant par -20% pour les matières premières agricoles. A cela s’ajoute le ralentissement des pays émergents (Chine, Russie-Ukraine et Brésil). Comme si cela ne suffisait pas, les investisseurs financiers qui achetaient des matières premières pour diversifier leurs portefeuilles ont cessé de le faire, notamment en raison de l’appréciation du dollar et d’une réglementation toujours plus contraignante.

C’est précisément parce que le négoce international est une activité instable qu’il a besoin de s’exercer dans un cadre d’une grande stabilité. La Suisse a traditionnellement fait de la stabilité de ses institutions et de la prévisibilité de sa politique son principal élément de différenciation, pour utiliser une terminologie marketing.

Force est malheureusement de constater que cette époque est révolue. Le président du Conseil d’Etat, François Longchamp, lors de la 150e Assemblée générale de la CCIG l’a souligné : « sur le plan institutionnel, la Suisse fut longtemps belle, mais ennuyeuse. Une mécanique parfaite, mais jamais de surprises. Ces temps ont changé. » En moins d'un an, les citoyens se seront ainsi prononcés sur la suppression des forfaits fiscaux, sur l'initiative Ecopop et sur le remplacement de la TVA par une taxe sur l'essence.

L’arc lémanique est un véritable cluster pour le commerce des matières premières. Mais il n’est pas à l’abri d’une perte de substance. Car il faut être réaliste : le secteur est en voie de consolidation, le nombre d’acteurs est appelé à diminuer et certaines activités liées au commerce de matières premières telles que son financement sont en perte de vitesse. A cela s’ajoutent des coûts opérationnels particulièrement élevés en Suisse, ainsi que le risque d’une « réglementation » inappropriée.

Il ne s’agit pas de peindre le diable sur la muraille mais d’analyser froidement les faits. La Suisse est chère et elle perd de sa stabilité. Les entreprises de secteurs tels que le mien vont être amenées à prendre des décisions de gestion, qui vont les conduire à étudier plus sérieusement les options étrangères.

 

* Nicolas Tamari est CEO de Sucafina SA et membre du Conseil de la CCIG

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