L'appel de la CCIG pour la relance
La CCIG vient de rédiger un Manifeste pour la relance, adressé à une triple cible : les entreprises, les autorités politiques et la population. Les mesures fiscales et liées au développement durable y figurent en bonne place.
L’évolution de la pandémie de COVID-19 laisse à penser que le canton de Genève, sa population et ses entreprises ne sont pas près de voir la fin du tunnel. La durée de la crise sanitaire étant incertaine, il n’est pas possible de percevoir aujourd’hui l’ensemble des conséquences sur le tissu économique local. Car, si la Suisse est statistiquement entrée en récession, tous les secteurs économiques ne sont pas frappés de la même manière. De même, comment les entreprises feront-elles face à la fin des mesures d’urgence telles que la RHT (Réduction de l'horaire de travail) simplifiée ?
Forte de ses 155 ans d’existence, la CCIG s’est donné pour mission d’aider ses Membres à évoluer dans une «communauté d’intérêts», d’être un relais incontournable auprès des autorités politiques pour assurer les mesures de soutien adéquates et de contribuer au redémarrage de l’économie. Pour ce faire, elle a entamé cet été une réflexion avec les chefs d’entreprise de son Comité et de son Conseil économique, les interrogeant sur les actions à mettre en œuvre pour stimuler la relance de l’économie genevoise. Le groupe de travail a notamment bénéficié de la contribution de David Rochat, directeur général de Sofies International, et de Michel Juvet, associé Bordier et Cie.
Les trois cibles visées par le Manifeste
Cette réflexion débouche aujourd’hui sur un triple appel que la CCIG lance aux entreprises, aux autorités et à la population dans son ensemble pour saisir la crise actuelle comme une occasion de changer et de progresser. Ses lignes d’action s’articulent autour de quatre axes : adapter le cadre législatif, accélérer sur la voie du développement durable, soutenir la formation et l’innovation, stimuler la consommation locale.
L’appel aux entreprises
En matière de fonctionnement :
- Mettre en place de nouveaux modèles de travail, qui permettent une meilleure conciliation entre vie professionnelle et vie privée (télétravail, horaires souples).
- Valoriser l’innovation en facilitant son financement.
- Développer, dans la politique financière de l’entreprise, les investissements durables.
En matière de formation:
- Continuer à offrir des places d’apprentissage, aussi en période de crise.
- Développer la formation continue des employés et des cadres pour faire face aux défis du futur.
En matière de consommation :
- Mettre en place une politique d’achats responsables qui permet de renforcer la résilience de l’entreprise et de prendre en compte les enjeux de développement durable dans le choix des fournisseurs et des produits, notamment en favorisant les circuits courts.
En matière de développement durable :
- Intégrer le développement durable dans la stratégie et le fonctionnement de l’entreprise, c’est-à-dire déployer de manière cohérente des solutions durables aux questions de performance économique, de ressources humaines et de gestion des impacts environnementaux.
- Développer des plans de mobilité d’entreprise qui permettent d’optimiser l’utilisation des infrastructures de transport.
L’appel aux autorités
En matière de fiscalité :
- Supprimer temporairement la perception de la taxe professionnelle pour les entreprises qui touchent la RHT à cause du Covid.
- Rééquilibrer la fiscalité des personnes physiques, en particulier, en défiscalisant l’outil de travail pour les entrepreneurs.
- Prendre en compte des aspects du développement durable dans le domaine de la fiscalité (par exemple système de déductions adapté).
En matière de gestion publique :
- Flexibiliser le fonctionnement de l’administration publique, pour assurer proactivité et réactivité, en évitant une décorrelation entre temps politique et rythme économique ;
- Accélérer la digitalisation des services de l’administration ; et
- Anticiper une prochaine crise en terme d’approvisionnement pour mieux répondre aux besoins essentiels et stratégiques.
- Assurer le fonctionnement de l’administration en cas d’une prochaine crise (plans de continuité).
En matière de soutien aux entreprises :
- Adapter les horaires d’ouverture des magasins aux besoins de la clientèle ;
- Rationaliser les processus administratifs pour générer des gains d’efficience en faveur des entrepreneurs ; et
- Assouplir, dans les cas de crise, certaines règles pour permettre le fonctionnement de l’entreprise (par exemple assouplir les obtentions d’autorisations de travail de nuit pour permettre de réduire le nombre de personnes simultanément sur le site).
En matière de développement durable :
- Renforcer le poids du développement durable et soutenir l’approvisionnement de proximité en adaptant les critères d’attribution des marchés publics dans le cadre des procédures d’achat des entités publiques et parapubliques ;
- Soutenir la production et la consommation locale, par exemple en créant des marchés pour les produits locaux, en promouvant des filières vertueuses et citoyennes.
L’appel à la population
- Continuer à faire preuve d’empathie et de solidarité à l’égard des plus fragiles (personnes âgées, démunis, personnels de santé et travailleurs des services de base, frontaliers compris).
- Faire preuve de citoyenneté en favorisant la consommation de proximité dans les commerces locaux (à la place du tourisme d’achat).
Au-delà de cet appel, la CCIG entend aussi s’engager en tant qu’acteur économique. C’est pourquoi le manifeste se conclut par les engagements que la CCIG prend, au sein de la Maison de l’économie, pour contribuer à la reprise de l’économie locale. La CCIG entend :
- Intensifier son soutien aux entreprises en créant de nouveaux services d’appui et de conseils, et en renforçant encore son action politique en faveur de l’économie.
- Miser sur l’innovation, en créant de nouveaux services (p.ex. une place de marché digitale).
- Militer pour un développement durable, en préparant une charte sur la durabilité, un nouveau guichet de conseil dans ce domaine et en procédant à un audit de sa propre responsabilité sociétale et environnementale.
- S’interroger sur le modèle de croissance de Genève, en préparant la publication d’une étude sur le sujet.
Naturellement, la CCIG continue et continuera à l’avenir à s’engager pour la préservation des conditions cadre indispensables à l’activité économique que sont la fiscalité, la mobilité, l’énergie et l’aménagement du territoire. Elle continuera également à prendre position publiquement dans les votations populaires importantes pour l’économie en général et les entreprises genevoises en particulier. Cet automne déjà, la CCIG est au front, avec les autres associations économiques, pour combattre trois initiatives populaires qui si, elles étaient acceptées, aggraveraient encore la crise que nous traversons. Il s’agit de l’initiative contre la libre circulation, de l’initiative sur le salaire minimum et de l’initiative « zéro pertes » qui demande une augmentation des impôts.
Cliquer ici pour consulter le manifeste dans son intégralité
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