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L’innovation va-t-elle donner un second souffle à Genève ?

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Posté le 19/12/2016
Articles de fond

L’innovation : un mot souvent galvaudé, mais sans doute la principale clé du succès dans un monde toujours plus concurrentiel. C’était justement le thème de l’Etude « Quel avenir pour l’innovation à Genève ? », présentée lors du Séminaire économique du 3 novembre dernier.

Hélène De Vos Vuadens (BCGe) et Alexandra Rys (CCIG) ont ouvert les feux du séminaire en détaillant les points forts de la brochure sur l’innovation. Puis, une table ronde a réuni quatre interlocuteurs : Antonio Gambardella, directeur de la FONGIT ; Tomoko Muranaka, chef de projet au CERN ; Didier Hélal, responsable développement de la société OrbiWise et Jean-José Paccaud, Managing Director d’Agie Charmilles New Technologies.

Qu’est-ce que l’innovation ? Elle peut être autant incrémentale (amélioration de l’existant) que de rupture (nouveau concept). Genève se distingue par ses conditions cadre favorables, sa facette internationale et son aide aux jeunes entreprises. Parmi ses secteurs porteurs, les sciences de la vie et le numérique (fintech). Mais le canton doit améliorer le financement en capital-risque, simplifier sa réglementation et si possible atténuer ses prix prohibitifs.

Parmi les atouts majeurs dont dispose Genève en termes d’innovation figurent les organismes d’aide aux start-up technologiques. Le principal est la FONGIT, association indépendante, mais soutenue par le canton et la Confédération. Elle intervient du stade de l’invention jusqu’à celui de la viabilité de la PME. « On rentre au moment de l’amorçage pour permettre à la société de bien se développer », précise son directeur. Depuis ses débuts en 1991, cet incubateur a poursuivi quatre objectifs en parallèle : la mise à disposition de locaux, le soutien administratif, l’accompagnement-coaching et l’appui financier. Il a ainsi apporté 100 millions de francs en fonds d’amorçage. Antonio Gambardella, Italien d’origine, a été surpris à son arrivée de la bonne collaboration du public et du privé. Il relève en outre que l’entrepreneur qui lance sa start-up avait en moyenne 38 ans tout de même !

Des soirées « barbecue » enrichissantes

Mais pour faire rapidement émerger des concepts novateurs, autant raccourcir les circuits. C’est l’idée développée par Tomoko Muranaka, chef de projet au CERN. Egalement instigatrice de THE Port Association, celle-ci y a organisé pour les 60 ans du laboratoire européen un hackathon. Cette sorte de brainstorming géant donne l’occasion à des personnes de milieux divers de partager des idées enrichissantes. Et parfois, de simples réunions barbecue ont permis ce déclic. « Il faut faire quelque chose pour l’humanitaire, la technologie peut contribuer à résoudre ce problème », s’exclame-t-elle. Même avant ces hackatons, le CERN a vu l’émergence de plusieurs inventions technologiques, comme le système Internet ou le programme d’analyse de visages.

 Prenons maintenant le cas d’OrbiWise : cette PME, qui développe l’Internet des objets depuis un incubateur à Plan-les-Ouates, a connu un essor spectaculaire dès ses débuts de start-up en 2014. Elle compte désormais 20 collaborateurs à son siège genevois. Malgré une levée de fonds compliquée, son développement sur le marché indien lui a donné des ailes. Selon Didier Hélal, « il faut toujours travailler à sa crédibilité pour qu’à un moment, on soit considéré comme attractif pour les investisseurs ». Le responsable d’OrbiWise sait qu’il devra peut-être faire à terme de l’outsourcing à bas coûts, mais reste convaincu qu’il faut recruter des collaborateurs formés et compétents à Genève, quel que soit le développement de l’entreprise.

 Aller à la rencontre des autres

Et qu’en pense le lauréat 2016 du Prix de l’innovation (voir ci-dessous) ? La société Agie Charmilles New Technologies, basée à Meyrin, a connu une véritable résurrection, après la crise qui a failli lui coûter son existence en 2009. Son patron Jean-José Paccaud l’admet : « Il faut qu’on me mette un coup de pied au derrière pour que, de temps en temps, je sorte de mon bureau pour aller à la rencontre des gens ». Comme lors du serment du Grütli en 1291, fait-il comprendre, c’est la conjonction d’un entrepreneur motivé, d’un institut de recherche compétent et d’un client exigeant qui ferait le succès d’une innovation.

En conclusion du séminaire, le CEO de la BCGe Blaise Goetschin montre comment une seule innovation peut se révéler déterminante pour l’avenir : la monnaie a transformé la civilisation mésopotamienne, le bancomat a donné un coup de pouce à la société de consommation, et ses jours semblent désormais comptés. Il faut que les générations futures pensent à mêler incrémentation et disruption dans l’innovation. « Genève est en mesure de rassembler ses moyens, let’s start up », ponctue Blaise Goetschin.

Un sentiment de liberté par le partenariat

Lors de la Cérémonie des Prix qui a suivi, la CCIG, le Département de la sécurité et de l’économie et l’Office de Promotion des Industries et des Technologies (OPI) ont décerné le Prix 2016 de l’économie genevoise à Induni SA et celui de l’innovation genevoise à Agie Charmilles New Technologies SA.

Dans un discours remarqué, le conseiller d’Etat Pierre Maudet a montré le rôle exemplaire des deux entreprises lauréates : Agie Charmilles, avec son renouveau par la technologie laser, et Induni & Cie, avec sa dimension sociale. L’objectif pour l’Etat est aussi de lutter contre le chômage en encourageant l’engagement de forces vives locales. « Nous avons tout pour bien faire, lance-t-il, encore faut-il mettre ensemble ces ingrédients. Tout se tient à Genève, l’équilibre est précaire, mais il est vital pour notre économie ».

Le magistrat a poursuivi sur le sentiment de liberté, en faisant le lien avec la future campagne RIE 3 : « Cet enjeu devant nous est justement l’occasion de concrétiser cet idéal de liberté qui colle à la peau des entrepreneurs. Aujourd’hui, pour l’économie genevoise, ce n’est pas s’affranchir des règles, c’est au contraire les respecter et, le cas échéant, les renouveler ensemble. L’importance du partenariat social est vitale pour nous. Gagner en liberté, c’est arrêter de marquer des autogoals », conclut Pierre Maudet, en évoquant subtilement l’après-9 février.

 

Quelques tweets intéressants du Séminaire économique

  • Charles Lassauce : « Deux entreprises ont quitté Londres et le Brexit pour Genève. Pourquoi ? Les conditions cadre et… le ski » @fongit #semeco16
  • Massinissa Hammiche : « L’échange direct entre les cultures et les compétences permet d’être agile et d’innover rapidement » #semeco16
  • Laurent Vanat : « Hésiter entre innover et se planter ou ne rien faire et disparaître » #semeco16
  • Alexandra Rys : « Les ingrédients de l’innovation : les conditions cadre, l’entreprise et l’humain » #semeco16 #fongit1
  • Vincent Subilia : « l’innovation ne se décrète pas, mais Genève dispose d’atouts uniques pour la favoriser »#semeco16

 

Toutes les informations à retrouver dans la brochure « Quel avenir pour l’innovation à Genève ? », disponible en format PDF sur le site de la CCIG.

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