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Créer des logements sans acronymes ni pourcentages

Alexandra Rys
Published on 07/03/2018
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88/12 ou 76/24 ? Ces chiffres pourraient résumer le débat sur le PAV qui s’est tenu au Grand Conseil lors de sa session de février. Fallait-il 88% de LUP (logements d’utilité publique) et 12% de PPE (propriété par étage) ou alors pousser à 24% de PPE, comme le souhaitaient les députés de l’Entente estimant, non sans raison, que seule une proportion importante de PPE permet de « faire tourner » des plans financiers de réalisation de logements ?

En fait, on peut se demander si ce débat est le bon. La politique actuelle du logement tourne autour de la notion de LUP, celui-ci étant compris comme étant du logement social, et du pourcentage désiré à l’échelle du canton : 20% du parc locatif. Le LUP doit répondre à trois caractéristiques : un certain rapport entre le revenu du locataire et le montant du loyer (le « taux d’effort »), un certain rapport entre le nombre de personnes occupant un logement et le nombre de pièces de celui-ci (le « taux d’occupation ») et la conservation des deux caractéristiques précédentes pendant 50 ans au moins.

Ceci posé, répond-on  aux besoins en logements de la population ? Rien n’est moins sûr. Il faudrait tout d’abord s’entendre sur l’objectif poursuivi par la politique sociale du logement et l’indicateur qui est imposé pour l’évaluer, le taux de LUP. Non, le logement social ne se résume pas aux définitions technocratiques et aux acronymes, mais s’évalue à l’aune de la réalité du terrain.

Les logements propriété d’organismes à but non lucratif (fondations immobilières privées ou publiques, coopératives) ou détenus par des collectivités publiques font partie de cette politique, même s’ils ne sont pas des LUP. Nombre d’appartements occupés depuis des lustres par le même locataire présentent des loyers largement inférieurs à ceux agréés pour de nouveaux logements LUP. Qui n’a pas dans son entourage un exemple de ce type ?

La bataille politique actuelle sur les proportions des diverses catégories de logements est vaine et stérile. Le seul mérite des catégorisations est d’assurer la mixité de la population nécessaire à l’équilibre des quartiers. Est-il besoin de légiférer de manière si pointilleuse et de s’écharper pour atteindre cette mixité ?

Les acteurs de ce mauvais scénario se trompent d’objectif et n’ont pas choisi un indicateur fiable pour évaluer leurs efforts. Il est temps de se rappeler que le seul indice fiable et pérenne reste le taux de vacance des logements et que l’objectif à atteindre est un marché détendu présentant des logements vacants à hauteur de 1,5 à 2% du parc immobilier. C’est dans ce cadre que les Genevois trouveront chaussure à leur pied et appartement à louer ou acquérir…

En définitive, 88/12 ou 74/24 ? Le marché le dira ! Mais il est certain que continuer à bâtir des fronts figés au niveau politique ne va pas contribuer à ériger de nouveaux logements, toutes catégories confondues, au PAV ou ailleurs dans le canton… Libérons l’acte de construire et créons le cercle vertueux qui sortira Genève de sa guerre de tranchées.

 

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