La durabilité diagnostiquée sous toutes ses facettes
La CCIG a lancé au printemps le service Diagnostic Durabilité, qui permet à ses Membres d’établir un diagnostic puis un plan d’action pour mettre en œuvre une ou plusieurs actions en lien avec le développement durable. Ce service existe sous deux formes : un parcours collectif en petit groupe, labellisé Swiss Triple Impact, proposé par B Lab, ou un accompagnement individualisé sous l’égide de Sofies. Le service a été présenté lors de plusieurs webinaires. Le CCIGinfo a demandé à Anne Verniquet et Laura Burger, de Sofies, un premier retour d’expérience.
Quelles sont les interrogations les plus fréquentes de la part des entreprises ?
Nous avons été en contact avec plusieurs PME, qui s’interrogeaient notamment sur le sens d’entreprendre une démarche à leur niveau, alors que les grandes entreprises ont un impact d’une autre ampleur. Mais il faut se rappeler que les PME sont petites mais très nombreuses, et elles influencent aussi leur environnement : « Les petites rivières font les grands fleuves ! ». Rien que la mobilité des collaborateurs est un sujet pertinent pour contribuer à réduire les émissions en ville tout en rendant l’entreprise attractive pour des employés, surtout dans un contexte d’engorgement des routes comme à Genève.
La question des coûts est évidemment une interrogation commune de la part des entreprises. L’offre étant conçue pour répondre aux besoins de PME et les tarifs étant subventionnés par la CCIG, les services deviennent en fait très abordables, même pour de petites entreprises.
Quant à la démarche de durabilité en général, certains s’imaginent qu’elle n’est qu’un coût supplémentaire. Cependant il existe un réel « business case » associé à cette démarche, avec des opportunités non négligeables, par exemple en termes d’efficience, de marché, de reconnaissance et d’anticipation des changements réglementaires. Ce business case est décrit dans divers rapports de qualité*.
Dans votre expérience, quels sont les principaux freins à l’adoption d’un modèle d’affaire éco-innovant ? Quels sont vos conseils aux entreprises pour surmonter ces freins ?
Les freins courants relevés sont le manque de temps, le manque de moyen et les « faux » risques perçus, comme évoqué dans la question précédente. En réalité, ces problèmes sont souvent inexistants car l’éco-innovation n’est rien d’autre que de l’innovation pour promouvoir des services et produits intéressants pour l’économie, la société et le système naturel qui soutient ses activités ! Quelle que soit la taille de l’entreprise, il est donc possible de valoriser l’organisation et les processus existants.
Pour capturer de nouvelles opportunités d’affaires et réellement éco-innover, il est nécessaire d’avoir l’adhésion et la ferveur de la direction, mais également la conviction que l’intelligence collective de son organisation est puissante.
Pour surmonter ces freins, nous conseillons d’initier un processus agréable pour tous, par exemple en impliquant l’ensemble de l’équipe ou des services au travers d’une demi-journée de sensibilisation et d’un workshop d’éco-innovation avec un enjeu concret à traiter ; cela peut tout à fait bien passer dans les programmes de formation, et avec l’aide d’outils d’animation comme le Business Game Circulab.
Nous conseillons aussi d’initier un processus léger afin de prendre connaissance des impacts de son modèle d’affaires et d’agir là où cela fait sens de manière rationnelle. En gros, c’est savoir d’où l’on vient pour déterminer où l’on veut aller !
Après la réalisation d’un diagnostic de performance environnementale, quelle est la proportion des entreprises qui prennent effectivement des mesures ?
La majeure partie, voire toutes les entreprises réalisent au moins une partie des mesures recommandées, notamment lorsque celles-ci génèrent un retour sur investissement économique, de meilleures conditions de travail, une meilleure image et une communication non financière étayée ! Les mesures recommandées incluent des mesures faciles à mettre en œuvre, nécessitant peu d’investissement et peu de changement organisationnel, telles que l’élaboration d’un premier rapport non financier ou d’un premier plan de mobilité ; mais également des mesures de fond pour notamment anticiper des mesures réglementaires, aller vers des achats durables ou de nouveaux modèles d’affaires. Le tout commence souvent par l’apport de rationnel et de chiffres pour savoir où l’on se situe et agir à bon escient.
Quelle(s) recommandation(s) faites-vous, quel(s) conseil(s) donnez-vous à une entreprise intéressée à la mise en œuvre de pratiques durables mais qui redoute de se lancer dans un mécanisme long et onéreux ?
Nous recommandons d’adopter une approche des petits pas : commencer par un diagnostic pour se rendre compte de la maturité environnementale de son entreprise, ainsi que des enjeux et des opportunités du secteur. Cette première étape permet de savoir « par où commencer », car elle révèle les vrais potentiels d’amélioration, et de prendre des décisions informées. Puis, comme dans tous les systèmes de gestion, il s’agit d’entrer dans une optique d’amélioration continue.
Pour voir le détail des services proposés : www.ccig.ch/Diagnostic-Durabilite
* Voir par exemple « UNEP, The business case for eco-innovation» - https://wedocs.unep.org/handle/20.500.11822/10613 et « OECD Sustainable Manufacturing Toolkit» - https://www.oecd.org/innovation/green/toolkit/48704993.pdf
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