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Tarifs de l’énergie : faut-il renoncer à dégager un bénéfice ?

Nathalie Hardyn
Posté le 08/06/2022
Opinions

On en parle depuis de nombreuses semaines et cette nouvelle réalité s’impose à nous : les prix de gros de l’électricité ont connu, depuis le mois d’août dernier, une hausse sans précédent, causée par la hausse des prix du charbon, les prix élevés du CO2 ainsi que la disponibilité inférieure à la moyenne des centrales nucléaires françaises au cours des derniers mois. La guerre en Ukraine a, pour sa part, fait décoller le prix du gaz. Pour ces raisons, le coût de l’électricité est actuellement très élevé dans toute l’Europe et il faut s’attendre encore à des augmentations l’an prochain, augmentations qui vont toucher tous les clients et, donc, aussi les ménages.

Dans son enquête annuelle publiée le 2 juin dernier, la Commission fédérale de l’électricité (ElCom) relève à ce propos que les entreprises d’approvisionnement en énergie (EAE) ont la possibilité de prévoir des mesures volontaires afin d’atténuer les hausses de prix. Ainsi, l’énergie produite en Suisse à partir d’énergies renouvelables pourrait être facturée au prix de revient plutôt qu’au prix du marché, le bénéfice pourrait être réduit à court terme et les déficits des années précédentes pourraient ne pas être intégrés dans les tarifs 2023.

Les quelque 600 EAE actives en Suisse sont largement en mains des collectivités, cantonales ou communales, et tant la population que les entreprises verraient sans doute d’un bon œil que leurs autorités fassent un tel geste. Ce n’est qu’à la fin de l’été que les tarifs 2023 seront connus et que l’on saura si des EAE optent pour cette possibilité, qui présentent cependant au moins deux inconvénients. D’une part, par son caractère non ciblé (principe de l’arrosoir), elle « profiterait » aussi aux ménages et aux entreprises pouvant assumer les hausses de tarifs sans difficulté particulière. D’autre part, elle diminuerait potentiellement les moyens financiers disponibles pour investir, par exemple, dans les programmes d’économie d’énergie ou dans le développement des énergies renouvelables. Si l’on prend le cas de Genève, les activités des Services industriels répondent aux principes de politique énergétique énumérés par la Constitution genevoise, dont : réalisation d’économies d’énergie, développement prioritaire des énergies renouvelables et indigènes, respect de l’environnement. Une réduction des recettes de l’entreprise entraverait ainsi potentiellement le développement de divers projets allant dans le sens d’une consommation énergétique plus durable. Dans ces conditions, difficile de trancher sur la conduite à tenir par les EAE…

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