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Votations du 18 juin : Loi climat, une opportunité historique pour l’économie

CCIG
Posté le 07/06/2023
Opinions

La Suisse dépend énormément de l’étranger pour son approvisionnement énergétique : elle importe près de trois quarts de ce qu’elle consomme. Il est impératif d’assurer la sécurité et la stabilité en matière d’énergie, tant pour les entreprises que pour la population. Sans interdictions ni taxes, la loi climat soutient les entreprises dans leur transition énergétique et favorise le développement technologique tout en renforçant la stabilité des prix.

En tant que pays alpin, la Suisse est particulièrement vulnérable face au changement climatique ; elle est en effet fortement exposée aux dégâts causés par les laves torrentielles, les crues et les chutes de pierres. Les vagues de chaleur constituent de surcroît un défi inédit, tant du point de vue de la santé que de la biodiversité et de l’énergie en raison de l’impact de la baisse des débits de cours d’eau sur la production hydraulique et nucléaire.

La loi fédérale sur les objectifs en matière de protection du climat, sur l’innovation et sur le renforcement de la sécurité énergétique comporte deux volets principaux.

  • Energie : le remplacement des chauffages fonctionnant au mazout, au gaz ou à l’électricité, est encouragé à hauteur de 2 milliards de francs. Le programme d’impulsion, doté de 200 millions de francs par année et limité à une durée de dix ans, vise à soutenir le remplacement des installations de chauffage à combustible fossile et électriques par des solutions efficientes. Par ailleurs, les propriétaires d’immeubles qui remplacent leur chauffage au gaz ou au mazout par un chauffage au bois ou une pompe à chaleur, ou qui investissent dans l’isolation de leur bâtiment pourront profiter d’un encouragement de 200 millions de francs par an au total.
  • Innovation : un soutien de 1,2 milliard de francs est apporté aux entreprises artisanales et industrielles qui utilisent des technologies innovantes ménageant le climat. La Confédération assure aux entreprises jusqu’en 2030 des aides financières pour le recours à des technologies et processus innovants leur permettant de mettre en œuvre les feuilles de route pour ramener leurs émissions à zéro net d’ici à 2050.

 

Ne rien faire coûtera infiniment plus cher

Ces mesures, entièrement financées par le budget général de la Confédération, sont absolument nécessaires pour accélérer la transition climatique. Elles sont par ailleurs peu coûteuses, représentant 0,74% du budget annuel total de la Confédération pour les six premières années et moins de 0,5% les quatre années suivantes. En comparaison, les coûts de l’inaction sont bien plus élevés et sont amenés à croître chaque année davantage. Il n’existe aucune alternative meilleure marché à la loi climat, bien au contraire ! Sans mesure pour une transition systémique vers la neutralité carbone nette, les coûts de l’inaction en matière de changement climatique pourront s’élever à 178 000 milliards de dollars à l’économie mondiale les cinquante prochaines années, d’après une étude récente de Deloitte.

À l’inverse, ne pas soutenir les entreprises dans leur transition énergétique les laisserait à la merci des variations de prix d’énergies importées. À Genève, le tissu industriel est particulièrement touché, avec des hausses allant jusqu’à 40% pour certaines PME. Mais le secteur tertiaire n’est pas épargné ; une entreprise active dans le commerce de détail témoigne que suite à l’augmentation du prix du mazout, ses factures ont été multipliées par sept pour ses besoins énergétiques.

 

Mieux faire face aux risques de pénurie

Sans soutien à la transition climatique, la Suisse subira de plein fouet les impacts de pénurie d’énergie. En effet, la loi climat prévoit le remplacement des chauffages énergivores et peu efficients ; les radiateurs et chauffages électriques représentent par exemple 10% de la consommation d’électricité du pays en hiver. Cela équivaut presque à ce que produisait annuellement la centrale nucléaire de Mühleberg, alors que l’électricité est justement plus rare en hiver. Pour un résultat identique du point de vue du chauffage, une solution efficiente (telle que la pompe à chaleur) consomme deux fois moins d’électricité. Il est évident que pour les entreprises, cela représente une opportunité extraordinaire de réduire à la fois leurs charges énergétiques, de bénéficier du soutien financier des mesures d’encouragement et de contribuer à réduire les émissions de CO2. Les gains d’efficacité permettent à eux seuls d’économiser jusqu’à 40% de la consommation d’énergie. Avec des mesures rapides et appropriées, la décarbonation complète du système énergétique suisse est réalisable et pourra être atteinte d’ici 2035.

 

Une loi souple et porteuse d’opportunités

Contrairement à la campagne de désinformation menée par les adversaires de la loi sur le climat, celle-ci ne comporte aucune interdiction. Elle n’amène par ailleurs ni impôt, ni taxe supplémentaires. Aucune interdiction de voitures à essence et diesel, ni de démantèlement des chauffages au mazout et au gaz ; la loi vise uniquement à soutenir la transition et à l’anticiper, mais ne prescrit pas de manière contraignante la manière de parvenir à l’objectif de l’Accord de Paris, soit le net zéro en 2050. Cette souplesse permet notamment de s’adapter aux besoins des entreprises sur le moment, en fonction du contexte énergétique.

Enfin, en investissant dans des sources d’énergies locales, l’économie bénéficiera d’une forte croissance pour les entreprises indigènes. Une étude de la Haute école des sciences appliquées de Zurich chiffre le potentiel de création à 77 milliards de francs d’ici 2035 avec un « développement modéré » des énergies renouvelables. En cas de « développement accéléré », le chiffre atteint 145 milliards de création de valeur. Au contraire, ne pas investir continuera d’accentuer l’exposition des entreprises aux variations de prix du marché de l’énergie. Actuellement, les achats de pétrole, de gaz naturel et de charbon effectués à l’étranger coûtent déjà 8 milliards de francs par année. Le développement des énergies renouvelables permet à la fois d’investir ces sommes dans l’économie locale, mais favorise également la croissance à long terme des entreprises suisses.

La loi climat est définitivement un cocktail gagnant pour l’économie. La réalisation des objectifs climatiques est bénéfique aux entreprises, non seulement parce que l’inaction aggrave les dommages et coûte de plus en plus cher, mais aussi parce que les activités économiques fonctionnent dans un écosystème planétaire qui doit maintenir des conditions viables. C’est la condition cadre la plus importante pour les entreprises et pour la vie humaine. Cette loi permet non seulement de protéger ces objectifs, mais aussi de réduire les charges énergétiques des entreprises, de leur apporter un soutien financier en matière de transition et de favoriser l’utilisation d’innovations. Aucune voix ne doit manquer dimanche 18 juin pour voter OUI à la loi climat, pour un avenir prospère et durable pour les entreprises.

1 commentaire

Dominique Wade
Posté le 11/06/2023
Excellente présentation de la situation actuelle et des opportunités qu'elle nous offre

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